Jean-Marie Lignières, qui préside aux destinées du domaine depuis sa fondation par le comité central d'entreprise de la Société marseillaise de crédit, se souvient volontiers du "cahier des charges" qui lui avait été confié, alors jeune oenologue:" Faire du domaine, à l'époque laissé à l'abandon, un centre d'aide par le travail et y produire de grand vins". Vingt-cinq ans plus tard, avec la participation des quelque 60 pensionnaires du domaine, handicapés mentaux relevant pour certains de pathologies assez lourdes, le contrat "est très largement rempli", relève Jean-Marie Lignières, qui associe à son diplôme d'oenologue un doctorat de psychologie, obligatoire "deuxième casquette" pour diriger un tel domaine. "Ici", dit-il, "nous n'avons pas tenté d'adapter nos +jeunes+ --l'expression amicale qui désigne les pensionnaires du CAT quel que soit leur âge-- à la nature, mais nous avons esssayé de discipliner la nature pour qu'elle se mette, elle, au rythme des handicapés". C'est ainsi que le vignoble qui s'étage sur un ensemble de terrasse allant de 30 à 300 m d'altitude commence a être vendangé sur les terroirs les plus bas et que le travail se poursuit, à un rythme adapté, vers les parcelles les plus hautes dont la collecte est plus tardive. Outre les vignerons, qui constituent le gros de ses divisions, le Château de Lastours a aussi forgé au fil des dernières années une petite brigade parmi ses jeunes, qui est spécialement employée en cuisine et en salle dans son restaurant de La Bergerie, permettant ainsi une diversification de la réhabilitation de ses pensionnaires. Jean-Marie Lignières, qui prévoit déja que les 25èmes vendanges vont révéler un très grand cru Lastour, a indiqué que la preuve en sera faite à l'occasion d'une réception à Paris le 29 novembre. Ce jour-là, il y accueillera toutes les personnalités qui, durant un quart de siècle, ont marqué leur intérêt pour ce domaine vraiment hors du commun. |